PROJET COMMUN No 1

Été et automne 2022

DE L’ARROSOIR AU CYGNE

Comment l’accélération sociale affecte-t-elle la manière dont les artistes utilisent le temps dans leur atelier ? Laisser le médium dicter le rythme de production est-il viable dans une société où la concurrence est virulente ?

L’argile est une matière qui contraint l’organisation spatiotemporelle. Elle tend à inverser le rapport de force couramment perçu entre les artistes et leur médium. Faisant écho aux techniques artisanales, la manipulation de l’argile, comme pratique artistique à la croisée de la poésie et de l’utilitaire, s’inscrit dans une dynamique de décélération qui semble symboliser une forme de désaliénation face aux diktats de la vitesse.

Mais peut-on réellement recycler le temps comme on recycle la matière, l’argile ? Le temps consacré à la production permet-il à l’artiste d’entrer au cœur d’une relation lucide et intime avec ses œuvres ? Prendre plus de temps pour créer moins d’objets est-il compatible avec la compétition et les marchés de l’art ? 

En scrutant les processus intégrés à la pratique de l’artiste montréalaise Orise Jacques-Durocher et la forme esthétisée de son atelier, De l’arrosoir au cygne nous permet de réfléchir à l’ensemble de ces questions.

Vues d’installation.

HANNA

Commissaire

Hanna Zeïda est une galeriste et autrice algérienne vivant à Tio’tia:ke/Mooniyang (Montréal). Diplômée de l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke (UdeS), elle s’implique dans le milieu des arts visuels en tant que médiatrice culturelle et commissaire. Avec l’artiste Malcom Odd, Hanna a co-commissarié une exposition à la Galerie d’art du Centre culturel de l’UdeS dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noir·e·s (2017) et, plus récemment, elle a réalisé le commissariat d’une exposition de groupe à l’Institut National Art contemporain (INAC) sur les thèmes du corps et du mouvement en art visuel (2022). Elle fait partie du collectif artistique Les Tisseuses depuis septembre 2021.

ORISE

Artiste

Crédit photo : Noémie Sylvestre 

Orise Jacques-Durocher est une artiste québécoise qui vit et travaille à Montréal où elle a obtenu un baccalauréat en Arts visuels de l’Université Concordia (2020). Sa pratique sculpturale est motivée par une volonté de réimaginer notre compréhension des objets et du monde matériel. Au centre de son travail, le médium de la céramique est célébré pour ses possibilités d’explorations exceptionnelles et pour sa matérialité, à la fois triviale et extravagante. Son travail a été présenté dans une variété d’expositions collectives à Montréal ainsi qu’à Skaelskor, au Danemark, lors d’une résidence au Guldagergaard International Ceramic Research Center dans le cadre d’un programme de l’Université Concordia.

YANNI

Représentant des publics

Yanni Khennache est un passionné de la recherche sur les mouvements extrémistes et les enjeux de sécurité nationale, détenant une maîtrise en politiques publiques et internationales de l’UdeS. Il évolue comme auxiliaire de recherche pour la Chaire UNESCO-PREV, travaillant sur divers enjeux de polarisation sociale. Plus personnellement, Yanni est un grand sportif et un adepte de musique qui s’intéresse aux différentes cultures et aux pratiques qui les définissent. Bien qu’il soit interpellé par les arts, il ne fréquente qu’à l’occasion des expositions. Son détachement par rapport au milieu artistique permettra, selon lui, à Projet commun d’obtenir une opinion externe et enrichissante.

Anciens travaux d’Orise. Crédits photos : (1) Orise Jacques-Durocher / (2-4) Noémie Sylvestre.

DÉMARCHE ARTISTIQUE D’ORISE

Le travail d’Orise Jacques-Durocher est motivé par une volonté de réimaginer notre compréhension des objets et du monde matériel. Au centre de son travail sculptural, l’argile, matière malléable aux possibilités de transformation et d’expérimentations exceptionnelles, est l’alliée de ses mouvements et découvertes. Le savoir-faire et l’aspect technique rigoureux relié à la céramique est pour Orise un outil non seulement pour apprendre à comprendre l’objet, mais témoigne aussi d’une relation d’engagement et de soin envers celui-ci. Ses derniers projets d’installation s’intéressent notamment à l’objectivité et la subjectivité de l’utilité, à la surproduction, au fait main, au travail invisible et à la domesticité. Les univers matériaux dans lesquels son travail nous invite sont aux contours familiers, souvent domestiques, mais libérés, discrètement utopiques. Ses installations mettent en place des espaces où le commun et l’étrange se rencontrent, où le précieux et le modeste s’égalent.

PRATIQUE COMMISSARIALE D’HANNA

À travers sa démarche commissariale, Hanna s’intéresse particulièrement au poids des dynamiques de pouvoir sur les pratiques artistiques et leur diffusion. Le rôle de commissaire d’exposition revêt pour elle une responsabilité de création d’espaces d’expression pour les discours mis en marge, spécifiquement émergents des milieux décoloniaux et féministes. Fascinée par les processus interdisciplinaires, son travail s’ancre dans des questionnements sur notre relation au corps, l’éthique spatiale, la muabilité sociopolitique et la création d’imaginaire comme source de réalité.

SOIRÉE-DISCUSSION AUTOUR DU PROJET COMMUN No 1

Le 26 octobre 2022, au Café Reine Garçon à Montréal, les membres de la première cohorte de Projet commun ont organisé une soirée-discussion avec les publics afin de partager leurs réflexions et de créer un dialogue autour de leur proposition artistique. Avec l’intention de renforcer l’idée de collaboration expérimentale, les membres du public ont été encouragé·e·s, pendant la conversation et la soirée, à réagir, à poser des questions et à partager leurs idées par rapport au Projet commun no 1. Il s’agissait non seulement d’un événement pour en apprendre davantage sur l’organisme Projet commun et sur ses activités, mais aussi d’une précieuse occasion pour s’enrichir mutuellement.

PARTENAIRE DE DIFFUSION : PRODUIT RIEN

Grâce à une préciseuse collaboration avec Karen Trask et Paul Litherland de l’espace Produit Rien, le Projet commun no1 a pu être présenté en novembre au 6909 rue Marconi à Montréal. Karen est une artiste multidisciplinaire dont le travail s’inscrit dans les domaines de l’installation, de la performance et de la vidéo. Paul est un artiste visuel qui pratique la photographie, la performance et la vidéo. Ensemble, iels ont fondé Produit Rien, un espace dédié à la production artistique, aux expositions et aux ateliers qui se situe dans une ancienne fabrique de tofu au cœur du quartier Alexandra-Marconi (Mile-Ex). Pour en connaître davantage sur ces artistes et leurs projets, vous pouvez visionner la magnifique vidéo à leur sujet produite par La Fabrique culturelle.

Crédit photo : La Fabrique culturelle

CONCEPTUALISATION ET PRODUCTION

(1) À l’atelier d’Orise / (2) Maquette de l’espace Produit Rien / (3) Sculptures en production / (4) Ouvrage de référence

Avec le soutien financier de l’Observatoire des médiations culturelles (OMEC).